Cet article se veut être un témoignage personnel d'une expérience que j'ai vécue, le récit d'un segment de ma vie.
Comme tout témoignage, il n'engage que celui qui le donne et reste subjectif évidemment. En aucun cas, un témoignage n'a valeur de faits objectifs ou de faits scientifiques et ne peut être généralisé. C'est tout simplement un témoignage.
Pour cette raison aussi, les réactions qu'il suscitera ne me toucheront pas,les éventuelles diatribes m'affecteront avec la même efficacité qu'un pansement sur une jambe en bois.
Pourquoi je suis devenu un jour végétarien ?
Il y a quelques années j'étais dans une démarche de perte de poids et je me suis concentré sur le contenu de mon assiette. J'ai davantage équilibré mes repas, augmenté la part d'activité physique, en bref, améliorer des points dans l'hygiène de vie qui était nécessaire. En fait du bon sens, rien de transcendant mais du bon sens.
Et j'ai effectivement atteint mes objectifs niveau perte de poids. L'aspect pernicieux de tout cela est que très souvent, lorsqu'on est dans une démarche de perte de poids, on est plus vigilant sur ce qu'on met dans l'assiette et par voie de conséquence on s'informe davantage. Avec Internet, ce ne sont pas les sources d'information qui manquent, heureusement, pour le meilleur mais bien souvent aussi pour le pire.
On a vite fait de s'y perdre dans cette jungle d'informations, entre tout ces régimes, toutes ces modes alimentaires, paléo, alimentation "vivante", jus divers et variés etc. etc. Avec mon parcours scientifique j'ai vite fait le tri dans toutes ces informations et allégations fantaisistes. Je suis également tombé sur le régime végétarien, végétalien et toutes ses déclinaisons possibles, pesco végétarisme etc.
A ce stade, je tiens à préciser que quand je me suis intéressé à cette alimentation particulière, j'avais déjà atteint mon objectif de réduction du poids. On n'adopte pas un régime végétarien pour perdre du poids, c'est un non sens, mais par conviction. Je ne dis pas qu'on ne peut pas perdre du poids avec cette alimentation, cela dépend encore de ce qu'on mangeait avant et ce qu'on mange ensuite. En effet, se gaver de frites et de sodas s'inscrit aussi dans un régime végétarien.
A cette époque j'étais plutôt dans le stade de trouver une alimentation optimale pour la santé et les arguments du végétarisme me séduisait. Également sensible au bien être animal, cette philosophie me parlait.
Incursion dans les groupes Facebook végétarien/végétalien/vegan
Je me suis inscrit dans différents groupes Facebook consacrés au végétarisme. Le point commun entre ces groupes est la présence simultané de végétarien, végétalien, végan mais aussi d'omnivore en "conversion". Le terme de "conversion" m'a fait sourire, surtout sa connotation religieuse.
Dès le départ, mon objectif n'était pas de devenir végétalien. Avaler des cachets ou des ampoules de B12, ce n'était pas mon délire. Les végétaliens m'ont rétorqué que les animaux sont déjà supplémentés avec de la vitamine B12. A choisir entre avoir ma B12 avec un bon morceau de viande ou un cachet, je préfère de loin la première solution.
J'ai rapidement remarqué que certains vegans et végétaliens étaient ceux qui savaient aboyer le plus fort mais surtout je n'avais jamais encore vu pareille intolérance et surtout pseudo science à un tel niveau. Parmi les morceaux choisis :
- le miel est du vomi d'abeille ;
- les œufs sont des règles de poules. A ce sujet, je remercie l'éducation nationale de m'avoir suffisamment instruit pour savoir qu'une poule n'est pas un mammifère et que cette tirade est fantaisiste. Le comble était qu'un jour, en discutant avec une jeune fille de cette phrase, je lui ai fait découvrir que les femmes chez l'espèce humaine, produisent également un ovule, éliminé lors des règles en l'absence de fécondation. Le décor était planté et ce n'était pas la peine d'aller plus loin devant pareilles bêtises et ignorances ;
- le lait contient de la colle. J'ai beau essayer, je n'ai pas encore réussi à coller ensemble deux feuilles de papier avec du lait ;
- la viande contient des toxines. L'ironie est que les plus dangereuses toxines se trouvent dans le règne végétal et que les plantes ne manquent pas d'imagination pour élaborer des molécules du métabolisme secondaire pour se défendre. D'ailleurs, bon nombre de ces molécules servent comme principes actifs en phytothérapie. En attendant on ne m'a toujours pas donné le nom de ces toxines ;
- la sémantique moisie du type carniste, carnivore. Personnellement, je suis omnivore et non carnivore. Carniste, je ne connais pas ; Les tirades du genre "nous sommes moralement purs et vous êtes les méchants mangeurs de cadavres" s'apparentent à de la rhétorique de secte et ça je n'en veux pas ;
- les moisissures argumentatives du type "le lait c'est pour les veaux" (ceux qui boivent du lait d'amande oublient que ce lait est fabriqué à partir de fruits d'amandes destinés à la reproduction de l'amandier) ou "on est la seule espèce qui consomme du lait à l'âge adulte" (on est aussi la seule espèce à utiliser une fourchette pour manger), donc des biais cognitifs de type finalistes qui démontrent la pauvreté des arguments utilisés ;
- les pseudo arguments du type que l'homme est herbivore. Une telle bêtise que je ne m'étalerais pas dessus.
En bref, je remercie l'Education nationale de m'avoir donné le bagage scientifique suffisant pour ne pas avaler ces inepties indigestes.
Un autre thème récurrent que j'ai remarqué dans ces groupes est la référence à des leaders d'opinion comme Aymeric Caron et Gary Yourofsky. Concernant ce dernier, j'invite à consulter le lien suivant pour se faire une idée sur ce personnage qui manipule les sophismes pour distiller ses niaiseries.
http://menace-theoriste.fr/gary-yourofsky-analyse-dune-imposture/
Et le dernier thème récurrent est la référence à des auteurs comme Henri Joyeux, Thierry Souccar, etc. Sur ce dernier personnage, j'invite le lecteur à consulter le site suivant :
https://www.psiram.com/fr/index.php/Thierry_Souccar
où l'on apprend que "Thierry Souccar est un des intervenants au 2ème Congrès des Thérapies Quantiques, organisé à Lyon en Novembre 2011 par Marion Kaplan. Il est également un des intervenants et anime un atelier découverte lors du IIIe Congrès international organisé également par Marion Kaplan en novembre 2012 à Reims. (...) A ces congrès, on croise des médecins radiés de l'ordre, des vendeurs de matériels soviétiques ou hongrois destinés à de pseudo-thérapeutes, des scientifiques controversés et critiqués par toute la communauté scientifique internationale, quand il ne s'agit pas de purs charlatans"
En conclusion, qu'est ce que j'ai retenu de ces groupes Facebook : intolérance envers les végétariens et les omnivores, désinformation, pseudo-sciences.
Pour préserver ma santé intellectuelle, j'ai quitté ces groupes sans intérêt si ce n'est pour passer la soirée avec un gobelet de pop-corn pour rigoler avec leur joute et mauvaise foi.
Un aparté
Comme je l'ai déjà dit, lorsque j'étais dans ma démarche de perte de poids, je me suis intéressé à tout ce qui s'écrivait sur ce sujet. Et là on trouve vraiment à boire et à manger.
Avec tout ces aliments dont les auteurs nous promettent qu'ils guérissent telles maladies etc., on ne devrait plus trouver de gens malades. Bref, j'ai rapidement compris que c'était des arguments fantaisistes de sites ou de journalistes qui vendent du rêve et de l'espoir.
Mais je peux tout à fait concevoir que certaines personnes peuvent tomber dans l'obsession de chercher l'alimentation la plus optimale possible pour la santé au point que cela affecte les relations sociales et tourne à la psychose. Le corps médical a attribué un nom à cette obsession, l'orthorexie. Et je la comprends très bien cette obsession puisque je l'ai touché du doigt. Et ce ne sont pas les témoignages qui manquent de personnes qui ont sombré dans ce travers.
Ce qui m'a fait le plus sourire est quand ce terme est sorti, ce sont justement les pseudo nutritionnistes et certains autres journalistes scientifiques surfant sur la cacophonie alimentaire, qui ont tiré à boulet rouge sur ce concept à grand coup de moisissures argumentatives comme les généralisations abusives. La notion d'orthorexie n'a aucun rapport avec une personne qui fait attention à son alimentation, sauf pour ces pseudo scientifique qui avaient là l'occasion de crier à la conspiration.
Ces charlatans de la nutrition se nourrissent de la peur des gens et ne sont pas étranger à la cacophonie nutritionnelle qui règne en ce moment.
J'ai découvert que le terme "nutritionniste" en fait ne correspond à rien. N'importe qui peut se proclamer nutritionniste et sans aucun diplôme.
Les seules professions réglementés et légitimes en France sont diététicien nutritionniste et médecin nutritionniste dont les qualifications sont sanctionnées par un diplôme d’État.
Dans ce domaine l'imagination est sans limite : nutritionniste, coach en nutrition, nutrithérapeute etc., des termes qui ne signifient rien, n'ont aucune valeur et ouvert à n'importe quel péquin. J'espère que l’État fera un jour le ménage dans tout ce charabia comme cela a été déjà fait dans d'autres pays.
Évidemment un diplôme ne protège pas contre l'incompétence mais mon bon sens fait que je n'achète pas de baguette chez le fleuriste, ni ne fait réparer ma voiture chez le boulanger. J'ai remarqué d'ailleurs que les pseudo diététiciens et autres aiment bien surfer sur les cas d'incompétence et/ou de conflits d’Intérêts. Outre l'aspect informatif utile que cela présente, cette rhétorique souffre de modération et participe directement à la cacophonie ambiante, et indirectement risque de jeter des personnes dans les griffes du premier gourou en nutrition venu.
Dans mon cas, j'ai rapidement repéré ces individus qui se croient plus compétents que tout les autres et dans ce domaine, la démarche zététique a été très utile. La zététique est une attitude de scepticisme utile pour ne pas avaler n'importe quoi et à ce sujet, j'invite le lecteur à adhérer à cette démarche (Groupe Facebook Zététique)
Enfin, j'ai compris que le "régime santé" idéal est une vue de l'esprit, fausse de surcroît. On est heureusement tous différent, l'alimentation ne se juge pas sur la consommation d'un aliment mais s'inscrit dans le cadre d'un équilibre et d'une diversité.
La fin de mon végétarisme
J'ai rapidement constaté plusieurs choses :
- la sacro-sainte étude Campbell sur laquelle s'appuient les végés pour justifier ce régime d'un point de vue santé ; cette étude est truffée de biais et par conséquent n'a aucune valeur ;
- aucune étude à ce jour ne montre de différence niveau santé entre un régime végé et une alimentation omnivore assortie à une bonne hygiène de vie. Donc exit l'argument santé ;
- botaniste à mes heures perdues et ayant énormément herborisé sur des prairies permanentes, j'ai pu apprécier l'importance de ces structures écologiques pour la biodiversité, par exemple pour les orchidées sauvages. Sans ces prairies et pâturages, ce sont les buissons puis les forêts qui s'installent. Voir un monde qu'avec des cultures maraîchères et des champs de céréales, non merci. En creusant le sujet, on peut constater sans difficulté que les supposés arguments écologiques des végés ne tiennent compte que de cas particuliers et qu'ils mettent dans le même sac agriculture intensive et extensive, ce qui intellectuellement ne me satisfait pas.
- l'anti spécisme est une illusion d'illuminés qui veulent mettre Homo sapiens au même rang que toutes les espèces animales. Notre espèce a évolué durant des millénaires justement grâce à sa grande capacité d'adaption, sa faculté à créer des outils qui in fine l'ont affranchi en quelque sorte des lois de la sélection naturelle. Homo sapiens n'est donc pas une espèce comme les autres, comme le prétendent ces illuminés. Ce qui ne signifie pas que notre espèce doit se sentir supérieure etc. Chaque espèce possède sa forme d'intelligence et constitue un maillon de la biosphère.
J'ai donc décidé un jour d'arrêter le végétarisme et depuis ce jour, ma santé ne s'est pas dégradée. Avec le recul, je ne peux m'empêcher de rire quand je vois la pauvreté culinaire de certains végés qui prônent le steak de tofu, le faux fromage, des ersatz qui font le bonheur des industriels et des supermarchés et remplis d'ingrédients "naturels". Les hamburgers végétariens, la viande de synthèse fabriquée en laboratoire, ce n'est pas cet avenir que je souhaite. Et si on tend vers ça, les extrémistes du végétal en portent la responsabilité également.
Je tiens à préciser que je pense qu'il est tout à fait possible d'être en bonne santé et d'avoir une alimentation équilibrée en adoptant un régime végétarien ou végétalien mais cela demande néanmoins certaines connaissances mais également un avis médical car je ne pense pas que cette alimentation est nécessairement adaptée à tout le monde, selon son âge, sa santé, son état physiologique, etc. Je laisse cette question aux spécialistes mais mon intime conviction est qu'on ne s'improvise pas végétalien du jour au lendemain.
Je pense qu'il convient d'être prudent. Comme on n'adopte pas ce régime pour perdre du poids, j'ai vu qu'on n'adapte pas ce régime pour des raisons de santé non plus. Une étude autrichienne sur 1320 personnes a montré que les adultes autrichiens qui consomment un régime végétarien sont en moins bonne santé, en termes de cancers, d’allergies et de troubles de santé mentale (anxiété et / ou dépression), ont une qualité de vie inférieure, et nécessitent également plus de traitements médicaux. (http://lachainedevv.com/les-vegetariens-en-moins-bonne-sante-que-les-omnivores-etude-statistique/). Cette étude est à prendre avec prudence mais argumenter sur l'aspect santé des régimes végés est un non sens.
Conclusion
Je rappelle que cet article est le témoignage d'une partie courte de ma vie qui s'étale approximativement sur 1 an et qu'il convient de prendre toutes les prudences qui incombe à n'importe quel témoignage, notamment de ne pas faire de généralités.
Je ne met pas tout les végés dans le même panier. Je connais des personnes végés qui ne sont pas dans cette démarche d’extrémisme, de fanatisme religieux et nos relations sont paisibles et constructives.
Je respecte leur combat pour la cause animale. En revanche, les arguments pseudo scientifiques utilisés par certains pour défendre cette cause, ceux là je ne les respecte pas. La cause animale n'a rien à gagner en abrutissant les gens avec des inepties, bien au contraire.
Je dis donc à tout ces vegans, végétaliens et autres qui me liront : apprenez à être rigoureux et tolérants dans vos discours. Ce n'est pas en faisant de la manipulation, en jouant sur l'émotion, que vous défendez noblement votre cause. Vous vous décrédibilisez même. Ne venez pas parler du respect des animaux si vous n'êtes même pas capable de respecter ceux qui ne pensent pas comme vous.
Khmers vert, extrémiste du végétal, choisissez le nom qui vous plaira. Vous n'êtes pas étranger au fait que je remange de la viande et quelque part je vous dis merci pour cela.
Amis vegans, végétaliens, végétariens qui savez ce que le mot respect signifie, je vous encourage dans votre combat. Et j'irais même plus loin, la cause animale, le respect de l'animal, est une préoccupation qui nous concerne tous, qu'importe notre régime alimentaire.
C'est par nos actes d'achat qu'on décidera de quelle agriculture on veut pour le futur. L'agriculture que je privilégie est une agriculture qui respecte l'être vivant, de sa naissance jusqu'à sa mise à mort, qui respecte sa biologie. Et je n'ai aucun soucis de supposé contradiction ou dissonance cognitive avec le fait qu'on mette un animal à mort. La vie se nourrit de la vie et je reste fidèle à ma physiologie d'omnivore. Je respecte ceux qui pour diverses raisons éthiques ont décidé de ne plus manger de viande. J'attends le même respect en retour.
Oui je mange de la viande et des produits animaux, en provenance directe d'un petit éleveur que je connais personnellement et dont je connais aussi sa conduite d'élevage. Et je me régale de cette viande, n'en déplaise aux ayatollahs de la salade. J'aime prendre aussi du plaisir à manger des aliments bons et succulents. C'est mon choix et ce n'est que moi que ça regarde.
La viande est classée comme probablement cancérigène ? Oui et alors ? Il est fort peu probable qu'un morceau de viande consommé dans le cadre d'une alimentation équilibrée et variée me donnera le cancer. Aucun aliment n'est nocif (excepté contre indication médicalement justifiée) dans le cadre d'une alimentation équilibrée et diversifiée. Ce qui est nocif, ce sont ces ayatollahs de la nutrition qui entretienne la cacophonie alimentaire, sélectionne les études qui les arrange (biais de confirmation ou cherry picking). Une mode chassant l'autre, ces feux de paille de désinformation finiront par s'éteindre d'eux mêmes.
Que penser de tout cela finalement ? Le sujet du végétarisme touche une corde sensible en nous et lorsque l'émotion, les convictions, les croyances s'invitent dans un débat, il ne peut être factuel et objectif. Je pense que le végétarisme est avant tout un choix personnel dont la question centrale est la place de l’animal par rapport à l’homme.
Est-ce moral de tuer un animal pour le manger ? Il existe je pense autant d’arguments d'un côté que de l'autre et cela doit rester une question personnelle, dont le choix doit se respecter.
C’est pourquoi le respect de chaque choix personnel est finalement plus important que le choix proprement dit.
Manger des produits animaux n'est pas incompatible avec le fait d'être sensible à la cause animale.
J'ai remarqué qu'un point commun entre de nombreux omnivores et les végés est le refus de l'industrialisation de l'élevage et je leur donne raison. Cette cause nous concerne tous, elle n'est pas l'exclusivité des mouvements végétariens ou autres. C'est en allant au delà de cette catégorisation, en fédérant les énergies sur une cause commune, qu'on fera avancer davantage les choses pour le bien être animal.